Ce fut un grand honneur pour la Norvège d’accueillir le 6e Congrès mondial contre la peine de mort. Du 21 au 23 juin 2016, le Congrès mondial a rassemblé près de 1 500 personnes de la société civile, du monde universitaire, des gouvernements, des médias, des parlements et des institutions des droits de l’homme, notamment des lauréats du prix Nobel et de très braves témoins qui ont partagé leurs histoires.
Le congrès a été un événement inspirant et stimulant. Les participants ont dépassé des divisions politiques et régionales, partagé des connaissances, des stratégies et des expériences personnelles, et approfondi les réseaux et les partenariats professionnels.
Je suis persuadé qu’il a contribué à des changements positifs dans les politiques et les pratiques.
Le cœur de la diplomatie est le dialogue. Je crois fermement que le moyen le plus efficace de réduire le nombre d’États qui font usage de la peine de mort est de rassembler les gens et d’encourager le débat fondé sur le respect, en s’appuyant sur des faits et libre de jugements ou de préjugés. Le Congrès mondial est une arène où les États rétentionnistes et abolitionnistes peuvent se rencontrer dans un dialogue ouvert et travailler ensemble à l’abolition universelle.
Le 6e Congrès mondial a été organisé par des associations de la société civile en partenariat avec le gouvernement norvégien et le groupe de pays qui travaillent à l’abolition de la peine de mort.
Une société civile forte et pluraliste peut être un moteur des efforts visant à promouvoir le développement démocratique, l’état de droit et les droits de l’homme. Tant en Norvège que dans d’autres pays, la société civile joue un rôle important en évaluant et en contestant les activités des autorités. Les organisations de la société civile peuvent être le catalyseur du changement et jouer un rôle de chien de garde en responsabilisant les autorités et constituent également une source d’information essentielle.
La Constitution norvégienne comprend maintenant une disposition stipulant que toute personne a droit à la vie et que personne ne peut être condamné à mort. L’engagement pour l’abolition universelle de la peine de mort est profondément enraciné dans la société norvégienne et dans l’opinion publique. La Norvège s’oppose par principe à la peine de mort en toutes circonstances.
Les études montrent que la peine de mort n’est pas un moyen de dissuasion plus efficace que de longues peines de prison. L’utilisation de la peine de mort est un problème mondial qui ne se limite pas à des régions, des traditions, des cultures ou des religions particulières. La Norvège travaille activement aux niveaux national, régional et international pour atteindre l’objectif à long terme de l’abolition universelle. L’ONU est un acteur important de la lutte contre la peine de mort. La Norvège est l’un des pays du « Core-group » qui ont participé à la promotion de la résolution biennale de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire sur l’utilisation de la peine de mort.
Je me félicite du fait que plusieurs des pays qui ont pris part au 6e Congrès mondial ont pris des engagements précis pour aller de l’avant en abolissant la peine de mort.
Le monde a fait beaucoup de progrès. Aujourd’hui, plus de quatre pays sur cinq ont aboli la peine de mort ou n’ont plus recours à la peine capitale. C’est encourageant.
Cependant, nous avons également constaté des revers, y compris des processus visant à réintroduire la peine de mort dans certains pays. Selon Amnesty International, le nombre d’exécutions en 2015 a nettement augmenté.
Cela démontre l’importance d’une continuité de l’engagement avec les parties prenantes sur la question de la peine de mort. Nous devons faire participer les parlementaires, les magistrats et les institutions chargées de l’application de la loi, et promouvoir des alternatives viables à l’application de la peine de mort. La Déclaration finale du Congrès appelle chacun de nous à poursuivre nos efforts conjoints en vue de l’abolition.
Le gouvernement norvégien est reconnaissant aux organisateurs de la conférence, Ensemble contre la peine de mort et la Coalition mondiale contre la peine de mort, ainsi qu’à nos collègues du groupe de pays qui travaillent contre la peine de mort (Core-Group). Votre dévouement et votre travail ont permis à la Norvège d’accueillir le Congrès avec grand plaisir. Je suis impatient de poursuivre nos partenariats.
J’espère que lorsque nous nous réunirons à nouveau lors du 7e Congrès mondial dans trois ans, la liste des pays abolitionnistes aura encore augmenté. Il ne s’agit plus de savoir si nous parviendrons à l’abolition totale, mais quand.

Børge Brende
Ministre des Affaires étrangères
Norvège