À côté de ces visages, le Congrès a aussi été l’occasion d’aborder un sujet important et souvent négligé, celui du sort des enfants de parents condamnés à mort ou exécutés. Un événement parallèle a notamment rappelé l’impact de l’utilisation de la peine de mort sur ces enfants oubliés. Laurel Townhead, représentante des droits de l’homme et des réfugiés du bureau Quaker auprès des Nations unies, ONG organisatrice de l’événement, nous en dit plus.

De combien d’enfants parlons-nous?

Cependant, on en sait davantage sur l’impact de la peine de mort ou d’une exécution des parents sur leurs enfants. Le Congrès a réfléchi à la façon dont cette question, souvent négligée, commence à attirer l’attention. La nécessité d’envisager cette catégorie d’enfants a été soulevée lors de la cérémonie d’ouverture du Congrès par Armand De Decker, secrétaire d’État belge, et a été soulignée lors d’autres sessions du Congrès par des ONG, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et les mères qui ont été détenues dans le couloir de la mort.

Quels sont les principaux effets de la peine de mort sur ces enfants ?
L’événement parallèle à souligné certains de ces effets, notamment :
• Le même fardeau supporté par les enfants après l’action des États, la relation conflictuelle avec l’État qui en découle et l’impact que cela a sur la sécurité et le bien-être des enfants ;
• La stigmatisation et l’isolement auxquels sont confrontés les enfants ;
• Les défis du maintien d’une relation avec le parent alors qu’il est dans le couloir de la mort et la détresse émotionnelle et psychologique causée par l’attende de l’exécution.

En attendant l’abolition de la peine de mort, les conséquences de la peine capitale des parents sur leurs enfants doit être reconnu et les droits de ceux-ci doivent être respectés. Zaved Mahmood, du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, a rappelé les droits s’y rapportant et la manière dont ils ont été reconnus dans les rapports et résolutions des Nations unies. Le Conseil des droits de l’homme et le Comité des droits de l’enfant ont précisé que l’intérêt supérieur de l’enfant devrait être pris en compte lors de la détermination de la peine d’un parent. Par conséquent, ceux qui condamnent devraient considérer l’impact de leur décision sur l’enfant lors de la condamnation à mort de son parent. Si un parent est condamné à mort, ses enfants ont le droit d’obtenir des renseignements opportuns à son sujet et le droit de poursuivre une relation familiale avec eux (dans l’intérêt supérieur de l’enfant).

Quelles devraient être les prochaines étapes pour défendre les droits des enfants ?
Lors de l’événement parallèle et en dehors du programme officiel du Congrès, il était intéressant d’en apprendre davantage sur cette question et de partager des idées sur la façon de plaider pour ces enfants et d’accroître la reconnaissance de leurs droits. Cet intérêt est porté par les nombreux individus qui composent la communauté abolitionniste : militants, avocats, parlementaires et éducateurs, entre autres. Le bureau des Quakers aux Nations unies propose de créer un groupe de travail (avec la Coalition mondiale, par exemple) sur les enfants de parents condamnés à mort ou exécutés, et d’explorer la possibilité d’une future Journée mondiale contre la peine de mort qui mettrait l’accent sur cette question.

Croyez-vous que cette question pourrait être un argument pour l’abolition et, si oui, pourquoi ?
Oui, parce que l’impact d’une condamnation à mort sur les enfants de parents condamnés à mort ou exécutés représente un argument très puissant contre la peine de mort. C’est un argument qui est applicable dans tous les pays, à tous les stades du processus, de l’arrestation aux suites de l’exécution. Le Bureau des Quakers aux Nations unies travaille d’abord et avant tout sur cette question parce que nous pensons que ces enfants ne doivent pas être oubliés et que leurs droits doivent être respectés. L’accent mis sur cette question soutient également l’abolition car elle permet de :
• Humaniser et rendre plus sympathiques les condamnés à mort en les montrant comme des personnes qui donnent et reçoivent de l’amour et de l’attention ;
• Apporter des normes juridiques supplémentaires, basées sur la Convention relative aux droits de l’enfant (CRC), que tous les États (à l’exception des États-Unis) ont maintenant ratifiée. En particulier, le devoir de prendre en compte l’intérêt supérieur de l’enfant dans toutes les décisions qui le concernent (article 3 de la CDE) devrait contribuer à réduire l’utilisation de la peine de mort. Cette approche des droits de l’enfant rend encore plus difficile pour les États de prétendre qu’ils utilisent la peine de mort en conformité avec le droit international ;
• Appuyer les arguments pour passer du moratoire à l’abolition ;’impact négatif sur les enfants reste le même dans le contexte d’un moratoire (par exemple, ils n’ont toujours pas accès aux parents emprisonnés, s’inquiètent constamment si le moratoire sera levé entraînant l’exécution de leur parent) ;
• Les personnes qui ont subi une peine de mort ou une exécution de parents sont et peuvent être de puissants défenseurs de l’abolition, comme pour les familles de victimes de meurtre. Il est difficile de contester l’impact profond et involontaire de la peine de mort sur ce groupe incontestablement innocent.

 


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