Les médias sont un allié indispensable pour le mouvement abolitionniste et peuvent fortement influencer l’opinion publique en faveur de l’abolition. Cependant, accéder aux médias et travailler avec eux peut s’avérer très compliqué. Cet atelier a permis aux journalistes et militants de l’abolition d’échanger des bonnes pratiques et des expériences afin de mieux porter le message de l’abolition auprès des médias.

Les journalistes constituent un relais majeur pour les acteurs de l’abolition en mettant au grand jour une réalité que la majorité de la population ne connaît pas. En couvrant les affaires de condamnation à mort, les conditions dans le couloir de la mort ou encore des exécutions, les journalistes peuvent constituer un relais auprès du public en portant les arguments (notamment utilitaristes) contre la peine de mort et en décrivant au mieux les réalités judiciaires et sécuritaires induites. Comment les acteurs abolitionnistes peuvent-ils travailler avec les journalistes ? Voici quelques éléments de réponse.

Afin de sensibiliser les médias sur la question de la peine de mort que tout acteur ou organisation abolitionniste veut traiter, il ou elle doit définir une stratégie pour cibler le bon média et le bon public. Une association abolitionniste doit notamment se poser les questions suivantes :
• Qui souhaite-t-elle atteindre avec son message ? Quel en est l’objectif ?
• Celui-ci vise-t-il l’opinion publique, les militants abolitionnistes, des officiers de justice ?
Une fois l’objectif du message défini, l’organisation doit ensuite identifier :
• Le type de média le plus pertinent. Comment le message atteindra-t-il mieux sa cible ? Utilisation de la radio, de la télévision, d’un support électronique ou de la presse écrite ?
• Quel est le meilleur moment de la diffusion de cette information98 ?

Dans certains pays, tels que la Chine, les réseaux sociaux sont utilisés par des journalistes et communicants, et par l’opinion publique elle même, pour exprimer leur opinion sur la peine de mort, à travers des blogs notamment.

Dès lors que cette stratégie est définie, il est primordial pour l’organisation de connaître la qualité des médias visés. S’il s’agit de sensibiliser la presse écrite, par exemple, elle doit se renseigner sur les types de journaux présents dans le pays en question. En effet, comme l’a expliqué le journaliste Iwan Santosa, il existe plusieurs types de presse, celle soutenant l’abolition de la peine de mort et celle ne la soutenant pas.
C’est avec le premier type de médias que l’organisation souhaitera bien entendu travailler. Afin de choisir le journal le plus pertinent, l’organisation doit alors se tenir aux conseils suivants :
• Étudier le niveau de censure dans le pays ;
• Étudier la ligne éditoriale du journal pour estimer les risques que le journal est prêt à prendre dans la défense des droits de l’homme ;
• Évaluer l’influence du gouvernement sur le journal.

Si le pays en question connaît un niveau important de censure, l’organisation ne pourra pas travailler avec les journalistes sans les mettre en danger. Aussi, devra-t-elle se diriger, si possible, vers les médias d’un pays de la région ayant un niveau de censure moins élevé.
Il n’en reste pas moins important pour les journalistes travaillant dans les pays rétentionnistes de trouver des moyens pour communiquer leurs messages. Dans certains pays, tels que la Chine, les réseaux sociaux sont utilisés par des journalistes et communicants, et par l’opinion publique elle-même, pour exprimer leur opinion sur la peine de mort, à travers des blogs notamment. Les commentaires suscités permettent aux internautes de débattre de la question de la peine capitale. Ils peuvent aussi faire, à leur tour, appel à des organisations ou à des médias étrangers afin de diffuser leur message et leurs articles.
Le journaliste pakistanais Aroon Arthur témoigne de la difficulté de publier au Pakistan (voir l’encadré « Témoignage d’Aroon Arthur »).

 

Notes


Pour aller plus loin


Témoignage Aroon Arthur, journaliste au Pakistan